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Damn Fine Coffee
23 juillet 2011

Near The Edge Of Night - Chapitre 1

Rain

1er mai 1985 – 17:08

Il pleut. Elle s'amuse à suivre des yeux les gouttelettes qui font la course sur la vitre, se laisse absorber par leur mouvement, essayant de ne pas se remettre à penser aux événements des semaines précédentes. Confortablement assise dans l'un des grands fauteuils de cuir du salon, elle tente de retrouver le sentiment de plénitude sereine qu'elle a ressenti un peu plus tôt dans la journée, alors que Dale et elle faisaient l'amour. Elle se rappelle avoir pensé, à cet instant, que Dale Cooper avait finalement réussi à guérir ses blessures. Là, dans ses bras, elle est parvenue à oublier sa peur, ses doutes, ses cauchemars, et elle s'est sentie heureuse.

Heureuse et protégée.

Et le fait qu'ils se trouvent dans une maison hautement sécurisée, pourvue de portes blindées et de caméras de surveillance, n'y est pour rien. Pas plus que le fait que Cooper soit un excellent agent du FBI, capable d'agir vite et bien face à un danger potentiel, ni la présence rassurante du revolver toujours posé à portée de sa main.

Elle n'a pas besoin des caméras ou du revolver.

Elle a simplement besoin de Dale, à ses côtés, pour le restant de ses jours.

Ce n'est qu'avec lui, elle le sait, qu'elle pourra tourner la page sur le cauchemar des deux derniers mois, cette vie passée sur laquelle elle a tant de doutes.

Elle s'efforce de ne pas ajouter, dans sa tête, « et sur Windom. » Ses sentiments à l'égard de son époux sont trop confus pour qu'elle puisse songer à les exprimer clairement.

Elle détache ses yeux des gouttes de pluie toujours plus abondantes et tourne la tête en direction de la cuisine. La silhouette de Dale, cheveux et costume noirs, se découpe sur le mur couleur crème comme un ombre chinoise. Elle entend la bouilloire siffler, et il se verse sa énième tasse de café de la journée. C'est sans doute son incroyable consommation de café noir qui lui permet de rester en forme en dormant aussi peu, songe-t-elle. Elle, au contraire, dort énormément depuis qu'elle a aménagé dans le safe house, ajoutant à ses nuits entrecoupées de cauchemars des siestes à n'importe quelle heure de la journée. Comme celle qu'elle a l'intention d'aller faire, là, pendant que Cooper sirotera son café dans l'atmosphère chaleureuse du salon.

« Caroline ? Tu es sûre que tu ne veux rien prendre ? »

Dale se dirige vers elle, pose son mug sur la table basse et s'appuie contre le dossier de son fauteuil. Elle secoue la tête. En dépit de ce que semblent préconiser les médecins, elle refuse d'user et d'abuser des somnifères qu'on lui a prescrits. Elle ne s'est pas débarrassée d'une dépendance uniquement pour plonger dans une autre.

« Non. Je préfère essayer de dormir naturellement. » Elle espère juste que cette fois, son inconscient lui épargnera l'éternel retour en enfer, les visions troubles mais douloureusement réalistes de son enlèvement, et surtout ce visage, à la fois inconnu et terriblement familier, qui vient hanter son sommeil depuis qu'elle a été retrouvée.

Il hoche la tête, en silence, et l'embrasse sur la joue. Elle se tourne vers lui, ses lèvres cherchant les siennes, sa main droite saisissant sa cravate impeccablement ajustée pour l'attirer contre elle.

« Je t'aime », dit-elle, et elle a l'impression que ces mots n'ont jamais eu autant de sens. Lorsqu'il lui répond « Moi aussi », doucement, elle sait qu'il ressent la même chose. Ils n'ont même pas besoin des mots. Leur simple présence, leurs étreintes, leurs baisers suffisent à exprimer l'essentiel. Elle ne se souvient pas d'avoir jamais ressenti une telle passion. Même pour Windom, tant d'années auparavant.

Ne pense pas à Windom.

Elle interrompt leur baiser, lentement. « Je vais me coucher un peu », murmure-t-elle, et elle se lève, lissant de la paume de sa main le tissu froissé de sa robe à fleurs. « Je te laisse un peu seul avec la deuxième femme de ta vie. »

Il lui adresse un grand sourire, un regard entendu, plonge la main dans la poche intérieure de sa veste et en sort son petit dictaphone - celui sur lequel Caroline l'a tant taquiné, celui qui enregistre ses éternels messages à cette Diane qu'elle n'a jamais vue. La secrétaire mystérieuse de Dale Cooper au FBI, qui bénéficie de toutes ses remarques pertinentes sur l'enquête en cours, la couleur du carrelage de la cuisine ou le goût exact du dernier café qu'il a avalé.

Dale se penche sur elle, l'embrasse furtivement sur la bouche et appuie sur le bouton rouge du dictaphone. « Diane, il est 17:21 le mercredi 1er mai, onzième jour consécutif que Caroline et moi passons seuls au safe house. Il pleut depuis midi, et je suis plutôt satisfait de ne pas me trouver sur le terrain avec une météo aussi capricieuse. Oh, ce matin, j'ai cru apercevoir sur le rebord de la fenêtre un écureuil qui - »

Caroline tourne les talons, un sourire aux lèvres, et le laisse poursuivre sa dissertation orale sur la nature environnante, pour laquelle son enthousiasme paraît ne jamais faiblir. Elle traverse le couloir, pousse la porte de sa chambre et, alors qu'elle s'allonge sur le lit aux draps défaits, réalise qu'à nouveau, elle se sent heureuse.


À suivre...
CHAPITRE 2

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